

Diplômée de l’École des Beaux-Arts d’Angers, j’ai travaillé pendant quinze ans dans la restauration de monuments historiques. Cette expérience m’a transmis le respect du détail, des silences de la matière et de ce qui résiste au temps. Restaurer, ce n’est pas réparer : c’est écouter, chercher l’origine, révéler ce qui a tenu malgré l’usure. Ce rapport au temps et à la trace traverse encore aujourd’hui ma peinture.
​
En 2021, l’incendie qui a dévasté la plaine des Maures a tout bouleversé. Comme d’autres événements traumatiques — l’érosion, les champs de bataille —, il a canalisé mes angoisses et redéfini ma pratique. J’ai commencé à récolter ce que le feu avait laissé : morceaux de bois, sols brûlés, noir de fumée. De ces prélèvements, j’ai fabriqué mes pigments. Le geste est devenu une manière de traverser : transformer l’angoisse en forme visible, passer de la paralysie à un nouvel espace, où tout peut recommencer.
​
Ma peinture naît ainsi d’un lien direct au paysage, au corps et à la mémoire. J’explore des zones de tension entre chaos et reconstruction, entre figuration mentale et geste pictural. Dans mes toiles, la roche devient os, la peau devient territoire, le feu devient sidération. La toile est une peau, un espace où se rejouent les écarts du vivant : brûlure et réparation, densité et transparence, silence et déflagration.
​
Mes œuvres ne donnent pas de réponses. Elles ouvrent un espace. Un espace pour éprouver. Pour habiter l’inconfort. Pour traverser.